« L’analyse Psycho-Organique » par Psychologie.com

L’analyse Psycho-Organique, qu’est-ce que c’est ? Le site Psychologies.com présente dans un des ses articles une définition de cette approche.

L’article : L’analyse psycho-organique

Le livre

L’Analyse psycho-organique

Éric Champ, Anne Fraisse, Marc Tocquet
L’harmattan, 2015

L’analyse psycho-organique est née en 1975 : créée par Paul Boyesen, cette méthode érige un pont entre la psychanalyse et les approches psychocorporelles. Elle rend compte de l’ensemble de nos processus psychiques, organiques, émotionnels et énergétiques. Les nombreux intervenants de ce livre expliquent les liens qui se nouent, au coeur de la clinique, entre la sensation, le sentiment et le sens. C’est pourquoi ils développent aussi bien l’exposé de la relation thérapeutique que l’effet de cette méthode sur les différents symptômes et la manière dont sont formés les analystes psycho-organiques. Respirer, toucher, bouger, penser, rêver… entrent dans le cours de l’analyse. Passionnant.

Que nous racontent nos émotions ?

Comment accueillons-nous cette vie exprimée là… venant de notre profondeur ?

Je propose un cheminement, pas à pas, afin de comprendre au sens de prendre avec, d’apprendre, de retrouver un lien à soi, de se connecter à son intime verbe, en s’appuyant sur notre part la plus secrète, celle exprimée par nos émotions.

Etymologiquement, « émotion » vient du latin « emovere » : ce qui met en mouvement, « exmovere » : mouvement vers l’extérieur. Autrement dit, l’émotion est ce qui met l’esprit et le corps en mouvement, à l’extérieur comme à l’intérieur.

La question est de savoir de quelle façon je suis « mis en mouvement » ?
Est-ce d’une façon constructive pour moi et pour autrui, ou est-ce d’une façon telle que cela va nuire à mon bien être et celui des autres ?

On sait que les 4 émotions principales sont la peur– la colère– la tristesse– la joie ; et s’y ajoutent le dégoût et la surprise. Nous les classons habituellement de façon binaire : elles sont bonnes ou mauvaises, positives ou négatives, utiles ou inutiles, souhaitables ou à éviter…. Or il y a une confusion regrettable car les émotions sont toutes utiles, elles nous ramènent  à notre intériorité, à notre météo intérieure, à ce qui se passe dans notre corps, ce qui nous rend vivant. Nos émotions sont nos petits guides dont les messages sont à décoder, déchiffrer pour orienter nos choix de vie.

Prenons un exemple : face à une menace physique, le corps réagit: c’est la peur, émotion qui mobilise les muscles lisses des viscères. Un faisceau de signaux somatosensoriels est véhiculé par le système nerveux et aussi par des molécules qui passent par la circulation sanguine. Ce mécanisme est inconscient mais c’est lui qui fournit le contenu des sentiments, traduction des émotions dans le domaine de l’esprit. Et bien sur le contenu peut devenir conscient. Les sentiments sont les émotions rendues conscientes.

Les émotions peuvent surgir n’importe quand, elles sont immatérielles mais prenantes.

La peur est l’émotion la plus archaïque et produit le plus de passage à l’acte, en dommageable car la personne n’est plus en état de penser. La peur n’évite pas le danger, au contraire elle le suscite.

Le corps et le cerveau sont partenaires. Avec « L’erreur de Descartes », A. Damasio prend le contre-pied de la thèse de Descartes, pour qui les émotions perturbent le bon jugement, Damasio montre comment les émotions sont un auxiliaire indispensable à la raison. Les émotions peuvent nous aider à prendre de bonnes décisions. La peur nous évite de prendre des risques inutiles, la colère peut nous aider à faire face à des obstacles. Dans « Spinoza avait raison », il poursuit son travail en s’intéressant à la joie et à la tristesse comme des sentiments majeurs dans la production de sens de la vie.

A. Damasio  a ainsi démontré que connaître sans ressentir ne sert à rien, qu’un humain souffrant de « frigidité émotionnelle » est incapable de tirer les leçons de ses erreurs.

Il est bien connu que les émotions sont nécessaires au bon fonctionnement de notre corps, elles en sont le ferment, cependant dans une quantité spécifique, qui ne dépasse pas un quota, pour ne pas se retourner et affecter un organe, avoir un effet boomerang et nocif à notre organisme humain. Des études en neurosciences confirment que si nous laissons exploser une émotion à chaque fois qu’elle se présente, nous renforçons notre tendance à cette émotion c’est-à-dire que nous la ressentirons plus facilement et plus souvent. Et cela vaut tout autant pour la colère que la compassion.

Savoir utiliser à bon escient ses émotions relève d’une certaine forme d’intelligence, différente de celle mesurée par le QI, c’est l’intelligence émotionnelle.
Cela vous inspire-t-il ? Trouvez vous encourageant cette capacité de lucidité, d’intelligence émotionnelle, que nous portons, à notre disposition…En êtes-vous curieux ?

Sur le plan de notre santé psychique et physique :

Nous savons que les émotions non gérées auront un impact négatif sur notre santé psychique et physique. Des études scientifiques confirment un lien entre une colère non gérée et des accidents cardiaques.
Il semble important de rester vigilant à la prescription systématique de médicaments qui anesthésient le sujet au lieu de le réveiller,  la seule  réponse médicamenteuse peut juste tenir en laisse nos émotions…
Pensez vous qu’une émotion est à craindre… , ou qu’elle est à vivre, avec ce qu’elle est ; la lutte est inutile. Lui faire de la place dans notre espace psychique pour en désactiver sa puissance destructrice représente un vrai travail.
Quand on nie ses émotions, quand on les méconnaît, elles nous tyrannisent. Exemple : une colère non exprimée risque d’être retournée contre soi-même et de persister sous forme de rancune et de méfiance de l’autre ou /et comme une réaction au sentiment d’impuissance.

Les émotions « nocives » qui s’installent, diminuent l’activité des cellules immunitaires. En effet, il existe un lien entre immunité et émotions. La joie et le plaisir renforcent les défenses immunitaires. La peur, le chagrin, la douleur et le stress les affaiblissent et nous rendent moins résistants aux germes et aux virus.
Les réussites, même les petites choses secrètent les hormones du plaisir : les endorphines. Le cortisol : l’hormone du stress, est redoutable et puissante, une petite dose de cortisol peut anéantir et recouvrir les bénéfices de l’endorphine. Également, les personnes qui gèrent leurs émotions ont une meilleure santé, vivent plus longtemps, et ont des relations sociales satisfaisantes.

Concernant La colère :

Certains ont du mal à se mettre en colère alors que d’autres ne cessent de hurler…
Selon les personnes, il y aura à réajuster le curseur, soit réhabiliter une colère juste, le droit de l’exprimer ; soit la canaliser, la réorienter. Quand on s’exprime violemment avec colère, les paroles sont invalides, seule l’émotion passe, donc aucun message n’est entendu.
Le droit d’être heurté par la vie, les autres, ce n’est pas anormal, ce n’est pas pathologique, le problème vient de la manière dont on gère la colère, comment on l’exprime quand il y a des fracas, des réactions impulsives…

Contrairement à ce que nous pensons souvent, les émotions pénibles ne durent pas très longtemps. C’est parce que nous les ruminons mentalement qu’elles se prolongent. Et ce sont les pensées et actions qui les accompagnent qui les rendent difficiles.

L’émotion nous renseigne sur ce que nous vivons, mais ne renseigne pas sur la réalité. Les émotions passent, comme les nuages et les averses dans le ciel…

Nous avons tendance à éviter nos émotions, elles nous dérangent ou  nous effraient. Mais pour devenir des êtres entiers, nous devons sonder de plus en plus profondément en nous-mêmes en nous mettant de plus en plus au contact de ce qui nous effraie et en faire quelque chose qui nous serve, dans  notre croissance, notre cheminement, pour une heureuse et paisible évolution. Le passé ne peut être effacé….cependant l’émotion liée à l’évènement peut être dissoute…

Avec l’Analyse psycho organique, j’accompagne, tout d’abord :
pour reconnaître l’émotion, la nommer, l’écouter dans toute sa vibration : verbale, imagée, sensitive, sensorielle, organique, corporelle…et avant de chercher à la comprendre, de mettre du sens, du concept, nous allons l’accueillir, lui laisser de la place, la sentir, la ressentir, lui offrir un espace, du corps dans la relation thérapeutique, rester un peu là, ensemble, l’entourer comme l’étreindre, et sentir comme si on était « arrivé »…que quelque chose peut s’arrêter pour s’apaiser…et être accepté car, cette fois- ci c’est sans danger,  c’est pour transformer l’histoire, en intégrer encore plus de richesse, d’ouverture, de réparation, de réconciliation avec soi et les siens. Et bien sur cette « tranquillité » d’être va se répandre dans toutes nos relations affectives, familiales, sociales..
La souffrance devient moteur, passage, une crise pour un changement, pour une transformation, quelque chose à remanier….

L’émotion est là et c’est difficile de l’accepter. Elle se loge dans le système limbique, le siège des émotions. Le cortex va pouvoir la masquer mais pas l’effacer… Elle risque donc de resurgir à tout moment, sous forme de phobies, de boule dans la gorge, de migraines, de dépression, de vide que l’on comble en mangeant ou en se mettant à boire, de maladies psychosomatiques graves.
Les dernières recherchent scientifiques confirment le lien entre le cerveau et le ventre, appelé le second cerveau. Je ne vais pas développer plus ce point, juste pour étayer le lien corps-esprit inextricable :
95% de la sérotonine du corps est produite dans le ventre. Elle agit au niveau du tube digestif mais aussi elle va être libérée dans le sang et va agir au niveau du cerveau dans l’hypothalamus : zone qui gère  et participe à nos émotions.

Dans ce premier temps :
Il importe de pouvoir simplement éprouver l’émotion, lui prêter de l’attention, une attention qui soit amicale. On n’est pas ses émotions, on a des émotions.
Je ressens de la tristesse mais je ne suis pas une pleurnicheuse.
ni fuir : ne pas rejeter, ni mettre un couvercle…c’est un déni. Si j’ai peur de la souffrance, si j’essaie d’y résister du matin au soir, je m’épuise.. Éliminer les « j’aurai dû/ j’aurai pu/ si j’avais su… »
ni fusionner ou s’accrocher, la colère attachée au moi devient nocive,
plutôt accueillir : l’émotion surgit, donc inutile de souhaiter qu’elle ne soit pas là, elle y est !
Détachée du moi, elle devient une énergie de détermination. Nous pouvons la reconnaître, simplement. Un processus où l’on voit et on laisse être sans rejeter ni convoiter.
Il y a de la colère, je la regarde, je l’accepte.

Ensuite, dans un second temps,  que faire de cette émotion ?
L’entourer
Tenter de bénéficier de son énergie tout en prononçant les mots qui respectent la relation.
Prendre dans mes bras ma blessure, l’étreindre, comme une maman avec son bébé, l’embrasser, la consoler, trouver cette posture de soi avec soi, d’un bon parent à l’intérieur de soi pour l’enfant blessé qui surgit là….
L’émotion « posée » me permet de me poser à mon tour et de regarder les racines de ma souffrance. Bien ancrée dans mon présent, je peux aller en profondeur trouver les clés et dénouer ce qui enferme et crée la douleur existentielle.
Je peux demander à cette énergie de m’enseigner, la colère n’est pas une ennemie mais elle peut m’apprendre, en amie…une amie là dans l’épreuve, non complaisante mais stimulante, pour nous inviter au meilleur.

Ne pas être ligoté à ce qui est arrivé ou qui peut arriver, mais être enraciné à ce que je peux faire maintenant, tout de suite…

Questionner du côté des besoins physiologiques, psychologiques, sociaux, se demander comment je réponds à mes besoins, comment je les écoute… ? Et choisir, décider et agir éclairé par l’émotion.
Écouter le baromètre intérieur, ressentir ce qui se passe à l’intérieur de son corps et gérer chaque émotion dès qu’elle se présente.

Ce cheminement en 2 grandes étapes, fonctionne avec toutes les émotions.

Lors d’une tristesse, d’un désespoir, quand j’en ai marre de tout, même attitude avec soi.
Et pour adoucir et sourire, un proverbe yiddish : « Ne succombez jamais au désespoir,  il ne tient pas ses promesses ! »
Enfin, la troisième et dernière étape, c’est le corps.

Le corps imprime, manifeste, exprime. Tout s’alchimise dans notre corps.
Le verbe agit dans le corps, il le modèle ; lorsqu’une pensée est inhibée, pas mise en mot, ce seront des maux, cela “s’enchaire”, laisse une trace à la fois psychique (résignation, confusion, fixation,…), affective (dépression, agressivité, peur…) et physique (stase, raideur, somatisation, hyperactivité motrice…).

Le corps parle :
La tristesse frappe au cœur. La dépression éteint tout le corps.
L’amour illumine le visage, le buste et le bas-ventre.
La colère, la peur : vives émotions primaires se répercutent dans la poitrine, sans doute à cause d’une accélération respiratoire et cardiaque. Sensation de boule au ventre, de souffle court.
La fierté se concentre au niveau du visage.
Le dégoût provoque la nausée, spasmes de la gorge et du ventre.
Le bonheur, seule émotion, avec sensations qui se diffusent dans l’ensemble du corps.

En analyse psycho organique, dans cet état de profond calme, d’une douce joie, on parlera de la vague océanique,  caractéristique du point 9 sur le Cercle Psycho Organique.
Le corps pour vivre a besoin de toutes les émotions mais en quantité spécifique, pour ne pas se retourner contre un organe.
Quelque soit l’émotion que l’on ressent, elle n’est pas anodine pour le corps, elle induit des réactions musculaires, hormonales, neurologiques et immunitaires.

Savoir que le travail d’acceptation active le système nerveux parasympathique, allié de notre capacité d’abandon, de détente et différemment, résister, lutter stimule le système nerveux sympathique, et déclenche le stress.

Le corps est là avec l’esprit : je peux marcher, marcher avec ma tristesse, marcher avec ma colère, marcher avec l’émotion qui est là devient un vrai soulagement, un baume au cœur. Mieux vaut marcher et respirer que ruminer. Marcher lentement, en pleine conscience est très agréable, apaisant, et apporte beaucoup de plaisir.

Écouter les messages du corps. Lorsque je fais un choix, je prends une décision, qui répond à mes valeurs, à mes aspirations, je vais ressentir un état interne : éprouver du calme, une vague calme, une sensation de paix intérieure ; si je ressens du tiraillement, des tensions, un inconfort qui dure, une agitation mentale et physique, m’interroger…

Chaque émotion est reliée à un besoin. Face aux émotions, ni exagérer, ni minimiser, et faire de nos émotions nos bonnes alliés.
J’aime vous partager cet extrait du poète Christain Bobin dans  « l’homme-joie », où il propose une lecture de l’émotion :

« …il fallait donc embrasser la peur aux yeux furieux, l’aimer comme du bon pain, continuer la traversée, perdre pied, perdre cœur et continuer quand même….entendre la bonne voix confiante, paisible, … »

Suggestion :
Petit temps d’introspection…..
Quelle est l’émotion qui vous saisit le plus facilement ?
Y-en-a-t-il une ou plusieurs, que vous souhaiteriez développer ?

« La forêt ne prend feu que si vous n’avez pas repéré l’étincelle. »

Et pour terminer parlons de la gratitude : elle est l’émotion,  qui nous offre, nous permet de pouvoir apprécier la vie telle qu’elle est aujourd’hui. C’est aussi ce qui rend capable de remercier ce qui est à la source de l’état qui nous réjouit. Eprouver de la gratitude a un effet bénéfique sur la santé psychique et physique.
Nous nous sentons plus heureux, plus reliés aux autres, plus vivants.
C’est le sentiment de reconnaissance lorsque nous réalisons quelle est la valeur, la saveur de ce que nous vivons. C’est le soleil qui nous réchauffe et permet la vie, ce sont les paysages de la nature, les plus grandioses avec les grandes montagnes jusqu’à la petite fleur qui pousse sur un trottoir en pleine ville, c’est un sourire, gratuit et généreux, c’est une caresse, c’est un regard chaleureux, c’est savoir s’émerveiller des choses toutes petites, ordinaires..
Son impact sur la santé est démontré par de nombreuses études, la qualité du sommeil, la longévité, les relations… Il est reconnu également que lorsque nous sommes connectés à ce sentiment de reconnaissance, le cerveau ne peut pas éprouver dans le même temps du ressentiment ou de la colère.

Mieux vivre avec ses émotions, c’est prendre le temps de connaître et d’accueillir nos états d’âme plutôt que de chercher à les éviter ou les contrôler. Les émotions, autant d’indices pour mieux se comprendre et savoir ce que l’on a à l’intérieur de nous et ce que l’on vit.
Un pas essentiel vers soi en acceptant son imperfection, sa finitude, son humanité et en se chuchotant de petits mots doux, réconfortants, encourageants, stimulants.

« Fais de ton mieux et n’oublie pas d’être heureux »

Véronique Bataillon
Analyste psycho organique

Guide pratique du consultant

Psy…, lequel ?

Quelles différences y a-t-il entre psychiatre, psychologue, psychopraticien relationnel, psychanalyste ?

Le psychiatre

est un médecin qui s’occupe des maladies mentales et peut prescrire des médicaments.

Le psychologue

a suivi une formation universitaire théorique. Il a étudié les comportements de façon objective et connaît les théories psychologiques. Parmi les psychologues, certains se spécialisent dans la psychologie clinique : le psychologue clinicien fait passer des tests, contribue au diagnostic des maladies mentales, assure des entretiens cliniques. Il travaille plutôt au sein d’une équipe soignante ou dans une institution d’éducation spécialisée.  Il n’est soumis à aucune obligation de faire une thérapie lui-même.

Le psychopraticien relationnel

c’est la nouvelle appellation qui pourrait remplacer celle de psychothérapeute. Les professionnels sont actuellement en cours de réflexion sur ce nouveau titre. Il pratique la psychothérapie, c’est-à-dire les soins non médicaux de la psyché, par l’écoute ou à l’aide de techniques actives, soit en séances individuelles, soit en groupe. Il ne s’occupe pas de la maladie en tant que telle mais de la personne en difficulté. Il ne délivre pas de médicaments. Il a lui-même suivi une psychothérapie approfondie, pré requis de la plupart des écoles de formation. En général, le psychothérapeute /psychopraticien relationnel accorde une place importante aux émotions, au langage corporel, à l’environnement social et familial des personnes. Plusieurs écoles forment à cette pratique et des syndicats fédèrent les professionnels.

Ce n’est pas un chercheur scientifique (même si certains le sont aussi par ailleurs) mais un praticien qui exerce un art particulier auquel il s’est spécialement formé : la psychothérapie.

Enfin on distingue

d’une part, les psychanalyses et les psychothérapies verbales et psychocorporelles, qui travaillent à partir de la relation et considèrent la personne qui les consulte comme un sujet que le psychopraticien relationnel, autre personne-sujet, accompagne relationnellement en professionnel dans la découverte et la compréhension de soi et de ses problèmes à partir du dialogue, d’autre part les psychothérapies comportementales, cognitives et systémiques, qui, d’ordre prescriptif, considèrent qu’il convient essentiellement de donner des consignes à la personne qui consulte.

La posture originelle du psychanalyste repose sur une écoute neutre flottante et interprétative. Une psychanalyse dure entre 5 et 10 ans à raison d’au moins 4 séances par mois en général. Le psychanalyste s’exprime peu le plus souvent, et la priorité est accordée au langage verbal plutôt qu’aux émotions ou aux expressions corporelles.

Le SNPPsy rassemble essentiellement des psychopraticiens relationnels de la relation et du sujet.

Il y a des médecins psychiatres et des psychologues qui sont aussi psychopraticiens relationnels – ou psychanalystes s’ils utilisent cette discipline, parce qu’ils ont suivi une psychothérapie personnelle et une formation pratique sérieuse à la psychothérapie en plus de leurs études universitaires.

Attention : l’état actuel de l’absence de réglementation permet que certains se disent psychopraticiens relationnels sans en avoir les compétences. Renseignez-vous, il est de votre responsabilité de bien vérifier à qui vous avez affaire avant de vous engager.

Un psychopraticien relationnel tel que le SNPPsy les titularise, a suivi une psychothérapie personnelle approfondie ou une psychanalyse durant de longues années, et une importante formation pratique dans une école agréée par le SNPPsy ou l’AFFOP (5 années universitaires), ou parfois auprès d’un psychopraticien relationnel superviseur, en plus de ses études universitaires. Il a été agréé par un syndicat de psychopraticiens relationnels ou par l’école qui l’a formé, ou fait partie d’une association qui le reconnaît.

Qu’il soit ou non diplômé de médecine, de psychologie ou d’autre chose, son diplôme universitaire ne lui donne pas de compétences pratiques dans le domaine de l’art psychothérapique.

Quelle est la nature de la relation entre le consultant et son psychopraticien/ psychothérapeute ?

La relation thérapeutique instaure un espace symbolique fondé à la fois sur une intimité et sur une distance respectueuses. En tant que lien symbolique, cette relation est l’élément moteur du processus psychothérapique. L’interdiction du passage à l’acte des pulsions violentes et sexuelles dans cet espace symbolique est la condition même de la liberté d’expression de tous les aspects de la personne en psychothérapie. Le psychopraticien est le garant du respect des interdits. Le consultant s’implique pour lui-même avec toute la sincérité et la force d’engagement dont il est capable. L’implication du psychopraticien est au service du processus psychothérapique. Cette asymétrie dans la relation permet d’abord au consultant d’investir le psychopraticien d’une fonction d’adulte idéal avec lequel il peut créer son espace de pouvoir et de liberté. Elle déclenche la répétition des situations traumatiques et pathologiques non résolues par le consultant. Enfin, elle permet au consultant de désinvestir la personne du psychopraticien pour accéder à l’autonomie. Le psychopraticien respecte l’intégrité et la santé du consultant. Il respecte inconditionnellement son vécu personnel et ses valeurs authentiques. Il respecte les résistances du consultant au processus, considérées comme instruments indispensables de l’évolution. Le psychopraticien prend en compte les images et affects positifs, négatifs ou délirants que le consultant est amené à porter sur la personne du psychopraticien, ses croyances, sa méthode ou son institution, comme instruments de la démarche engagée. Le psychopraticien observe, dans le même temps, le consultant et lui-même. Il est attentif à ses propres réactions : affects, rêves, lapsus, actes manqués etc. Et les considère comme des signifiants utilisables dans le processus. Cette dimension relationnelle, souvent désignée par les termes de transfert et contre-transfert, est maniée différemment selon les écoles.

Stephen Jay Gould « La mal-mesure de l’homme »

« Nous ne traversons ce monde qu’une fois. Peu de tragédies sont plus graves que de ne pas permettre à la vie de s’épanouir, peu d’injustices sont plus profondes que de réduire à néant les occasions de se développer, ou même d’espérer, à cause de limites imposées de l’extérieur par d’autres, mais dont on pense qu’elles viennent de soi. »